Épatant : ça nous bouge !
Tel est le titre de la première notice en provenance d’ISSN France importée directement dans le Sudoc (PPN 260627062 ; ISSN 2804-715X). En l’occurrence, il s’agit d’un site web, occasion de rappeler que les ressources continues ne se limitent pas aux publications en série et aux collections, mais incluent aussi les « ressources intégratrices », c’est-à-dire des ressources dont le contenu peut être augmenté ou modifié par des mises à jour.
Cette intégration directe constitue une évolution fondamentale, la première de cette importance depuis la mise en place du Catalogue collectif national des publications en série (CCN-PS), ancêtre du Sudoc en matière de signalement et de localisation des ressources continues dans les bibliothèques françaises.
Un système en place depuis 1983
En effet, depuis sa création, en 1983, le CCN-PS, puis le Sudoc, ont fait du Registre de l’ISSN, produit par le Centre international d’enregistrement des publications en série (CIEPS), le réservoir bibliographique de référence des catalogueurs du Sudoc et du Sudoc-PS, réseau qui inclut toutes les bibliothèques hors enseignement supérieur utilisant le Sudoc pour le signalement et la localisation de leurs collections de ressources continues.
Depuis l’origine, les catalogueurs Sudoc utilisent les très riches notices issues de ce réservoir, et une part des informations contenues dans ces notices sont même prioritaires par rapport à celles éventuellement créées ou modifiées par les catalogueurs. En pendant de ce flux descendant (du Registre ISSN vers le Sudoc), et grâce à l’utilisation de l’outil CIDEMIS, les catalogueurs peuvent aussi alimenter le Registre en demandes de modification de notices existantes, ou en demandes de numérotation de notices créées pour de nouvelles publications.
De tous les abonnés du Registre de l’ISSN, seul le Sudoc a cette possibilité, témoignage des liens forts et pérennes qui existent depuis l’origine entre l’Abes et le CIEPS. Le contrat triennal qui lie l’Abes et le CIEPS conforte officiellement cet accord mais, du fait du modèle économique du Centre, qui tire l’essentiel de ses revenus de la vente de ses produits, il présente un certain nombre d’inconvénients. Ainsi et un peu paradoxalement, les notices de ressources continues produites par la BnF et par ISSN France, qui sont librement exposées et utilisables sur le site de la BnF, sont payées par l’Abes dans le cadre de son abonnement au Registre, alors même que, dans ce cadre, leur utilisation et leur exposition sont limitées.
Une évolution de l’écosystème bibliographique des ressources continues
Or, si les notices françaises représentent environ 10 % du contenu du Registre de l’ISSN, elles représentent largement plus de la moitié des notices localisées dans le Sudoc. De la même manière, les demandes faites via CIDEMIS par le réseau portent pour plus de la moitié sur des notices françaises. Ces deux faits semblent logiques : après tout, les bibliothèques françaises ont avant tout vocation à proposer à leurs usagers des publications en français, en fonction de leurs missions propres.
Le CIEPS ne pouvant faire évoluer sa proposition commerciale dans un sens plus libéral, décision a été prise de ne plus importer par ce biais les notices françaises, mais de les récupérer directement depuis la BnF. Dans un premier temps, la nouvelle chaîne d’import aurait dû être mise en place au 1er janvier 2021, mais la pandémie en a décidé autrement – la date du 1er janvier semblant incontournable tant pour des raisons juridiques que bibliographiques, et pour maintenir la cohérence de l’alimentation en données malgré les évolutions de flux. C’est donc chose faite depuis le 1er janvier 2022 : les notices produites par ISSN France et par la BnF font désormais l’objet d’un import distinct, qui passe par toutes les étapes habituelles d’import dans le Sudoc de données en provenance d’autres sources :
- conversion des notices dans le format PICA+ utilisé par le CBS, système qui gère les données Sudoc, à partir des données fournies par la BnF en Unimarc (et élaborées en Intermarc…)
- comparaison des notices entrantes avec les notices déjà présentes, pour prendre en compte les modifications, repérer les éventuels doublons, fusionner ou non, etc.
La seule exception témoigne de la complexité, en France, de l’écosystème bibliographique des ressources continues. ISSN France et la BnF produisent des notices des versions numérisées de ressources continues papier, qui sont exportées vers le Registre, mais ne les utilisent pas dans le Catalogue général, et par conséquent ne les exportent pas. Or ces notices sont indispensables au Sudoc, qui continuera donc à les importer du Registre.
Les notices en provenance du CIEPS d’une part, de la BnF et d’ISSN France d’autre part, constituent désormais deux flux d’import distincts dans le Sudoc, mais suivant les mêmes étapes techniques.
Un grand nombre d’améliorations
Si ce nouveau système présente l’inconvénient d’ajouter un flux d’import de données à ceux, déjà nombreux, du Sudoc, on en attend un grand nombre d’améliorations :
- les notices créées ou modifiées par ISSN France et par la BnF seront disponibles plus rapidement, puisqu’il n’y aura pas besoin d’attendre qu’elles soient exportées vers le Registre de l’ISSN puis, de là, dans le Sudoc. De ce fait, on peut espérer qu’un certain nombre de demandes formulées via CIDEMIS, qui correspondent à des créations ou des modifications de notices déjà effectives dans le Catalogue général mais pas encore prises en compte dans le Sudoc, n’auront plus lieu d’être
- l’import dans le Sudoc d’informations figurant dans les notices, mais non reprises dans le Registre, par exemple les résumés
- la possibilité de procéder à des alignements de données en utilisant par exemple l’outil Qualinka, pour lier automatiquement les autorités auteurs potentiellement présentes dans les notices (par exemple les directeurs de publication) aux notices d’autorités auteurs d’IdRef
Enfin, ce sont désormais l’ensemble des informations contenues dans les notices françaises qui pourront être exposées via les outils de l’Abes (en XML, en RDF, via Z39-50), et non seulement les informations des notices localisées. Cette possibilité se situe en droite ligne de l’un des objectifs majeurs du projet d’établissement de l’Abes : faciliter l’ouverture de données de grande qualité au plus grand nombre possible d’utilisateurs. Si on ajoute à ce corpus les notices issues de la partie ROAD du Registre de l’ISSN, on comprend que les utilisateurs disposent désormais d’un ensemble, certes pas exhaustif, mais en tout cas large et correspondant à des besoins ciblés (ressources françaises, ressources en libre accès) de données bibliographiques de ressources continues.
Le Registre de l’ISSN, le Sudoc, le Catalogue général de la BnF sont les trois principales sources françaises en matière de signalement et, pour les deux derniers, de localisation de ressources continues, aussi bien imprimées qu’électroniques. Ces trois outils sont « liés », puisque chacun permet de communiquer avec les deux autres – à l’exception du lien direct entre le catalogue général de la BnF et le Sudoc, en projet.
En « souterrain » de ces liens visibles aux usagers, les échanges de données permettent d’améliorer la fiabilité, la complétude et l’actualité de signalement de ressources dont on sait que, de par leur nature, elles sont les plus difficiles à décrire. L’import direct dans le Sudoc des notices produites par la BnF et par ISSN France conforte donc le « cercle vertueux des ressources continues » constitué aussi bien pour la qualité du signalement et de la localisation à l’intention des usagers que pour simplifier le travail des catalogueurs.
Le service des ressources continues